Fundacion Alambique para la Poesía

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Algas

¿Cobrizos, negros, blancos, amarillos

venimos de las algas primordiales?

¿Y las algas, de quién? ¿De Dios? ¿Del caos?

¿Y volvemos a dónde? ¿A Dios? ¿Al caos?

Para dormir, nos presta fuego el sol,

para velar nos presta, el cielo, sombra.

Temo, a la vez, el despertar y el sueño.


Algues

Peaux cuivrées, noires, blanches ou jaunes

venons-nous des algues primordiales ?

Et les algues, de qui ? De Dieu ? Du chaos ?

Et où retournons-nous ? À Dieu ? Au chaos ?

Pour dormir le soleil nous prête du feu,

pour veiller le ciel nous prête, lui, de l'ombre.

Je crains, à la fois, le réveil et le sommeil.


Impasible

... impasible a fuer de espiritual…

Ireneo

Ser impasible a fuer de espiritual

es propio sólo a Dios, pues cuanto vive

tiene sentidos, nervios, energías.

¿Serán dioses las piedras, o será

de piedra, Dios, a fuer de ser espíritu?


Impassible

... impassible parce que spirituel…

Irenee

Être impassible parce que spirituel

est le propre de Dieu, car tout ce qui vit

a des sens, des nerfs, des énergies.

Les pierres seraient-elles des dieux, ou Dieu

parce qu'il est esprit, serait-il de pierre ?


Dualidad

Espirituales y hartos de materia

somos ambiguos, somos nada y todo.

En el manejo de la extraña máquina

la carne viva ofrenda la substancia

y el ánimo sutil cuida la Idea.


Dualité

Spirituels et repus de matière

nous sommes ambigus, tout et rien.

Dans le maniement de l'étrange machine

la chair vive fait don de la substance

et l'âme subtile prend soin de l'Idée.


Monteverdi

Revestida en iglesia, la caverna

devuelve al cielo el eco de sus voces

volcadas en la Tierra. Monteverdi

halló la clave con la cual Orfeo

hizo danzar los dioses y los astros.


Monteverdi

Réhabillée en église, la caverne

renvoie au ciel l'écho de ses voix

déversées sur la Terre. Monteverdi

trouva la clé avec laquelle Orphée

fit danser les dieux et les astres.


Tíbet

Jinete soy de un asno imperturbable

en los valles sin fin, yertos de frío.

Molinetes de harapos revolean

sometidos al viento que los cura

con hilachas de nubes, sal de lagos,

granos de sol, añicos de montañas.

Las rapaces vacilan en el aire

y la inmovilidad se vuelve sueño.

Hacerse el muerto es el mejor Nirvana.


Tibet

D'un âne imperturbable je suis cavalier

dans les vallées sans fin, transies de froid.

Des moulinets en guenilles volettent

soumis au vent qui leur porte remède

avec des fils de nuages, du sel de lacs,

des grains de soleil, des morceaux de montagnes.

Les rapaces hésitent dans l'air

et l'immobilité devient songe.

Faire le mort est le meilleur Nirvana.


Romanticismo

La abadía en la floresta

Óleo de Caspar David Friedrich

El cielo irradia la blancura

mientras la sombra se apodera

de la floresta moribunda.

Cabe al portal, guardián de ruinas,

ramas de robles gesticulan.

Los abades sin abadía

peregrinan, no llegan nunca

y atraviesan el horizonte

encandilados por la luna.


Romantisme

L'abbaye dans la forêt.

Huile de Caspar David Friedrich

Le ciel irradie la blancheur

tandis que l'ombre s'empare

de la forêt moribonde.

Elle renferme le portail, gardien de ruines,

des branches de chênes gesticulent.

Les abbés sans abbaye

pérégrinent, ils n'arrivent jamais

et traversent l'horizon

tout éblouis par la lune.


Insomnio

Absorto en el incendio del insomnio

adivino lo eterno: lo conozco

pues se parece a cada noche oscura.

Cuando fuere otra cosa, no protesto.


Insomnie

Absorbé dans l’incendie de l'insomnie

je devine l'éternel : je le connais

puisqu’il ressemble à chaque nuit noire.

Serait-ce autre chose, aucune objection.


Trinidad

Indiferentes dioses diferentes

dieron al fin en solo un Dios. Los griegos

con lo profuso hicieron lo más simple

y más audaz: la Trinidad del único.

De los antiguos mitos quedó el Logos

y el pagano sabor de sus leyendas

se diluyó en la sangre de los santos.

Así alternan los siglos: cada vez

forja, la nueva fe, nuevos eones.


Trinité

D'indifférents dieux différents

aboutirent enfin à un seul Dieu. Les Grecs

firent avec le profus le plus simple

et audacieux : la Trinité de l'unique.

Des anciens mythes resta le Logos

et la païenne saveur de ses légendes

se dilua dans le sang des saints.

Ainsi alternent les siècles : à chaque époque

la nouvelle foi forge de nouveaux éons.


Cuadrante

Hice un reloj de sol para medir

cuántos pasos mi sombra se adelanta

mientras mi cuerpo duerme o queda oculto.

Añadí nubes, nieblas y penumbras

mas no supo el cuadrante ser veraz:

al calcular la suma de mis años

no comprendió ni el antes ni el después.

Viena


Quadrant

J’ai fait une horloge solaire pour mesurer

de combien de pas mon ombre avance

pendant que mon corps dort ou reste caché.

J'ai ajouté des nuages, brouillards et pénombres

mais le quadrant a manqué d’exactitude :

en calculant la somme de mes années

il n'a inclus ni l'avant ni l'après.

Vienne


Instante

Un amago de nubes a lo lejos.

La mitad gris y blanca de la luna

se suspende sin hilo en un azul

tan solo y cristalino que parece

no tener fin ni presentir la noche.

Es la tarde perfecta. Se diría

que todo ha de seguir, intacto, así.

Jardín de María Teresa

Viena


Instant

Une bande de nuages au loin.

La moitié grise et blanche de la lune

est suspendue sans fil à un azur

si seul et cristallin qu'il paraît

ne pas avoir de fin ni pressentir la nuit.

C'est la soirée parfaite. On dirait

que tout doit continuer, intact, ainsi.

Jardin de Marie-Thérèse

Vienne


Conversión

Cuadro de El Parmesano (1528)

La tempestad, el cielo enceguecido,

la montura que salta, corcovea

y cuando estalla el fuego entre sus patas

rompe la silla y da su crin al viento.

Abre, al caer, los brazos el jinete

y se desploma con la mano en alto.

En el camino de Damasco, Pablo

pide, ya no vivir, sino la Vida.

Viena


Conversion

Tableau du Parmesan (1528)

La tempête, le ciel aveuglé,

la monture qui saute, cabriole

et lorsqu'éclate le feu entre ses pattes

il rompt la selle et offre sa crinière au vent.

En tombant, le cavalier ouvre les bras

et s'écroule une main en l'air.

Sur le chemin de Damas, Paul

demande, non plus de vivre, mais la Vie.

Vienne


Reflejos

Reflejo, el mar, reflejos sus estelas,

reflejos las pirámides de cantos,

reflejo, el cielo pálido, reflejos

los retazos de luz en los cañones

y en las hojas del álamo plateado.

Reflejo de la Idea, las ideas,

reflejo del sinfín es el instante

que separa la vida de la muerte.


Reflets

Reflet, la mer, reflets ses stèles,

reflets les pyramides de chants,

reflet, le ciel pâle, reflets

les parcelles de lumière sur les canyons

et sur les feuilles du peuplier argenté.

Reflet de l'Idée, des idées,

reflet de l'infini, l'instant

qui sépare la vie de la mort.


Ronda

Millones de universos

ruedan, cambian de sitio

y fundan otros cielos.

Las estrellas del mío

toman viejos senderos

que son siempre los mismos.

Quisiera, mas no puedo

conocer el camino

hacia el orbe primero.


Ronde

Des millions d'univers

tournent, changent de lieu

et fondent d'autres ciels.

Les étoiles du mien

prennent de vieux sentiers

qui sont toujours les mêmes.

Je voudrais, mais je ne peux

connaître le chemin

vers l’orbe premier.


Cronos

... el tiempo gris y lento...

Oscar Wilde

Ni gris ni lento, rojo

como son las encías de las fieras,

veloz cual huracán loco de rabia.

Porque nació caníbal y medroso,

ávido de vivir, es inocente:

devora y mata por naturaleza

en busca, también él, de su reposo.


Chronos

... le temps gris et lent…

Oscar Wilde

Ni gris ni lent, rouge

comme le sont les gencives des fauves,

aussi rapide qu’un ouragan fou de rage.

Parce qu'il naquit cannibale et peureux,

avide de vivre, il est innocent :

il dévore et tue de par sa nature

en quête, lui aussi, de son repos.


Hiperboreal

Noruega, polo norte, mar cuajado,

fiordos azules y praderas verdes,

perpetuo sol —azote de los pájaros—,

petróleo negro cual los cachalotes,

pinos rotos untados de pintura,

palacios de cristal, peces sin fondo...

Salta el grito de Munch, tumba y retumba:

«¡Paraíso tedioso de la nieve!»


Hyperboréal

Norvège, pôle nord, mer figée,

fiords bleus et prairies vertes,

perpétuel soleil — fléau des oiseaux —,

pétrolier noir ainsi que les cachalots,

pins coupés enduits de peinture,

palais de cristal, poissons sans fond…

Perçant, le cri de Munch jaillit et rejaillit :

« Paradis fastidieux de la neige ! »


Cabos sueltos

Al juntar cabos sueltos

resbalan de la mano

tantos hilos resecos

que no forman puñado.

Son propiedad del Tiempo

mis poderes de antaño:

aunque tienda los dedos

ya no puedo anudarlos.


Les deux bouts

En joignant les deux bouts

de nombreux fils desséchés

échappent de la main

sans même tenir dans le poing.

Mes pouvoirs d'autrefois

sont la propriété du Temps :

bien que je tende les doigts

je ne peux plus les attacher.


Delicias

Escuela de El Bosco

Jinetes de su pez, surcan el mar

el arponero, su copiosa cesta

y la mujer, con largas faldas rojas.

Próspero viento hace flotar su velo.

Y boga la galera: San Antonio

reza nadando sobre un sapo alado.

Un agua verdemar caliginosa

es el vivero de las tentaciones

que llevaba sumidas en el alma:

su pesadilla entraña su escarmiento.


Délices

École de Bosch

À cheval sur leur poisson, ils sillonnent la mer :

le harponneur, son panier copieux

et la femme, à longue jupe rouge.

Un vent généreux fait flotter leur voile.

Et vogue la galère : saint Antoine

prie en nageant sur un crapaud ailé.

Une eau vert de mer caligineuse

est le vivier des tentations

qu'il emportait enfouies en son âme :

son cauchemar renferme sa punition.


Sorpresa

Para Yves Roullière

Apetece vivir aunque dormido.

Apetece vivir si el sol reluce.

Apetece vivir si el mar castiga.

Apetece vivir alto en el monte.

Apetece vivir junto a los nimbos.

Apetece vivir a ras de tierra.

Apetece quedarse pensativo.

¿Y si fuere la nada tan sabrosa?


Surprise

Pour Yves Roullière

On désire vivre même endormi.

On désire vivre si le soleil brille.

On désire vivre si la mer mortifie.

On désire vivre en haut de la montagne.

On désire vivre dans les nuées.

On désire vivre à ras de terre.

On désire demeurer pensif.

Et si le néant avait autant de saveur ?


Flor de invierno

Melancolía: flor de invierno.

Melancolía de calavera.

Melancolía de alma perdida.

¡Torvo poeta! Sólo te queda

volverte loco, volverte sabio,

cambiar de cuero, tirarte a tierra

y acomodarte con las espinas.


Fleur d'hiver

Mélancolie : fleur d'hiver.

Mélancolie de tête de mort.

Mélancolie d'âme perdue.

Torve poète ! Il ne te reste

qu'à devenir fou, devenir sage,

changer de cuir, te rouler par terre

et t'accommoder des épines.


Patagonia

Última Esperanza[1]

¡Tantos picos de mármol!

¡Catedrales heladas

—ramas de guillotinas

que desgarran el cielo—!

¡Tajos en las montañas

por el viento roídas!

Los petreles contemplan

los leones de mar.

La belleza salvaje

del mundo es otro mundo:

en Última Esperanza

se inventa el más allá.


Patagonie

Última Esperanza[2]

Tant et tant de pics de marbre !

Cathédrales glacées —

lames de guillotines

qui déchirent le ciel !

Entailles dans les montagnes

par le vent rongées !

Les pétrels contemplent

les lions de mer.

La beauté sauvage

du monde est un autre monde :

à Última Esperanza

on invente l'au-delà.


Sonámbulo

Mañana me resuelvo

a caminar dormido

entre cactos y rosas

con rumbo al paraíso.

¿Lejos irá mi sueño?

¿Despertaré maldito

o con halo de santo?

Sucederá lo mismo:

en no importa qué trance

va el insomnio conmigo.


Somnambule

Demain je me résous

à marcher endormi

entre cactus et roses

droit vers le paradis.

Mon sommeil ira-t-il loin ?

Me réveillerai-je maudit

ou paré d’un halo de saint ?

Cela reviendra au même :

quel que soit l’instant critique,

l’insomnie me tient compagnie.


Bruma

Fiel a mi Dios interior

camino sin saber dónde

en la viña del Señor.

Quien más vive más esconde:

todo se vuelve temblor

y el cuerpo sólo responde

a los nervios del dolor.

... Lo demás se va en espuma

como en los mares, la bruma.


Brume

Fidèle à mon Dieu intérieur

je marche sans savoir où

dans la vigne du Seigneur.

Qui vit plus cache d’autant moins :

tout devient tremblement

et le corps ne répond

qu’aux nerfs de la douleur.

… Le reste part en écume

comme dans les mers, la brume.


Autorretrato

Tan viejo soy que la implacable luz

brillando en el espejo me condena.

Pergamino de arrugas es el rostro;

los hilos blancos de las cejas juegan

con la frente pasmada entre las sienes.

El cabello teñido de negrura,

los labios hartos ya de hacerme muecas,

los ojos fatigados por la luna,

el mentón imperioso sin imperio:

si yo fuera Durero, pediría

un modelo más guapo, más jugoso,

que no tenga un pescuezo de gallina.


Autoportrait

Je suis si vieux que l’implacable lumière

brillant dans le miroir me condamne.

Le visage est un parchemin de rides ;

les fils blancs des sourcils s’amusent

avec le front stupéfait entre les tempes.

Les cheveux teints d’un noir de jais,

les lèvres déjà lasses de grimacer,

les yeux fatigués par la lune,

le menton impérieux sans empire :

si j’étais Dürer, je demanderais

un plus beau modèle, plus juteux,

et qui n’ait pas un cou de dinde.


Ladakh

Tallados por guadañas incisivas

palimpsestos de laja son sus rostros:

los viejos monjes de Ladakh persiguen

el absoluto cero de la Nada.

No lo hallarán: entrados en el tiempo,

el ciclo de la vida permanece

y se incorpora en el Nirvana mismo.

Sólo el no haber nacido es inefable.


Ladakh

Taillées par de tranchantes faux

leurs visages sont des palimpsestes :

les vieux moines de Ladakh poursuivent

l’absolu zéro du Néant.

Ils ne le trouveront pas : entrés dans le temps,

le cycle de la vie demeure

et s’incorpore au Nirvana lui-même.

Seul ne pas être né est ineffable.


Marzo

Un mar sin luz; la Tierra todo gris.

Marzo devora chispas y colores.

Si tuvieran memoria las libélulas

ni abrirían sus alas tan temprano.

Mientras la luna impávida se ampare

tras los húmedos huecos del espacio

quedará poco sitio para el vuelo:

mejor hilar sueños de mariposa

hasta que, al retornar, la primavera

desenlace los rayos y las lluvias.


Mars

Une mer sans lumière ; la Terre tout de gris.

Mars dévore étincelles et couleurs.

Si les libellules avaient de la mémoire

elles n’ouvriraient pas si tôt leurs ailes.

Tant que la lune impavide s’abritera

derrière les humides trous de l’espace

il restera peu de place pour l’envol :

mieux vaut tisser des rêves de papillon

jusqu’à ce qu’au retour, le printemps

défasse les rayons et les pluies.


R.

Trasto inútil propuesto al desamparo

Ricardo ha muerto y yo con él me fui.

En su violín trajo perdidas músicas:

de vez en vez un árbol en la Tierra

oye sonar el arco. Entre las ramas

las hojas pensativas lo acompañan.


R.

Bon à rien promis à l’abandon

Ricardo est mort et moi parti avec lui.

Dans son violon j’emporte des musiques perdues :

de temps en temps un arbre sur la Terre

entend des coups d’archet. Entre les branches

les feuilles pensives l’accompagnent.


Escena

Es otoño en verano; las magnolias

coronadas de blanco desafían

las taciturnas lágrimas del cielo.

El viento gris silba de rabia, gime

y hace cantar los árboles cual címbalos

que desgarran el aire. Luego llegan

las pausas, los silencios, el desmayo.

Y pasa lentamente el tiempo rápido.


Scène

C’est l’automne en été ; les magnolias

couronnés de blanc lancent un défi

aux larmes taciturnes du ciel.

Le vent gris siffle de rage, se plaint

et fait chanter les arbres tels des cymbales

qui déchirent l’air. Ensuite arrivent

les pauses, les silences, l’évanouissement.

Et lentement passe le temps rapide.


Magia

La magia nos rodea: la del cielo

hacedor de colores; la del mar

cuyo vaivén fecunda las arenas;

la de la noche ardiente de chispazos;

la del cinabrio trasmutado en oro;

la de la Naturaleza, toda piedra,

la de la vida, puro movimiento.

¿Magia tendrá, la eternidad desierta?


Magie

La magie nous entoure : celle du ciel

créateur de couleurs ; celle de la mer

dont le va-et-vient féconde les sables ;

celle de la nuit ardente d’étincelles ;

celle du cinabre en or transmuté ;

celle de la Nature, toute pierre ;

celle de la vie, pur mouvement.

Y aura-t-il magie en l’éternité déserte ?


Alba

En el alba indecisa, somnolienta,

el sol trama las formas de otro día.

Está vivo el vacío: mil figuras

prestan al cielo un aire siempre nuevo;

arabescos barrocos, rayas blancas

tropiezan con las alas de los pájaros.

Hecha para el trabajo de los ángeles

la rumbosa mañana oculta el fondo:

al abrirse a la noche el horizonte

se ve cundir la guerra de los astros.


Aube

Dans l’aube indécise, somnolente

le soleil trame les formes d’un autre jour.

Vif est le vide : mille figures

prêtent au ciel un air toujours neuf ;

des arabesques baroques, de blanches raies

butent contre les ailes des oiseaux.

Créé pour le travail des anges

le généreux matin cache le fond :

lorsque l’horizon s’ouvre à la nuit,

on voit apparaître la guerre des astres.




Ímpetu

Sin peso y sin mensura, una entelequia

no percibe la vida ni la muerte.

Es el perfecto estado. Pese a ello

—más tenaz que la inercia del espacio—

un ímpetu de ser puebla el vacío.

Y nacieron criaturas. Y finaron.

¡Efímero homenaje al Universo!


Impulsion

Sans poids et sans mesure, une entéléchie

ne perçoit ni la vie ni la mort.

C’est l’état parfait. Malgré cela

— plus tenace que l’inertie de l’espace —

une impulsion d’être peuple le vide.

Et des créatures sont nées. Et sont parties.

Éphémère hommage à l’Univers !


Universo

Algo ha sido creado con la Nada:

de Dios, sólo es visible el Universo.

Y cuando llega el tiempo del olvido

no se olvida el olvido, mas el tiempo.


Univers

Quelque chose fut créé avec le Néant :

de Dieu, l’Univers seul est visible.

Et quand arrive le temps de l’oubli

l’oubli ne s’oublie pas, mais le temps.


El púlsar

Estrellas hay sin luz: al derrumbarse

han perdido sus ondas de colores.

El violado, el azul, el rojo, el verde,

el naranja y su gualdo desvaído

se funden, moribundos, en el negro:

así el púlsar palpita y agoniza.


Le pulsar

Il est des étoiles sans lumière : en s’écrasant

elles ont perdu leurs ondes colorées.

Le violet, le bleu, le rouge, le vert,

l’orange avec son jaune pâle

se fondent, moribonds, dans le noir :

ainsi, le pulsar palpite et agonise.


Espacio

En el espacio, Dios agencia

bellas mansiones de arquitecto

y la basura de los astros.

Ese poliedro es imperfecto:

tan vastos cosmos no le alcanzan.

A la verdad, dado el aspecto

del Universo que nos ciñe

mejor usar otro proyecto

menos pasmoso y más cortés.


Espace

Dans l’espace, Dieu agence

de belles demeures d’architecte

et la poubelle des astres.

Ce polyèdre est imparfait :

d’aussi vastes cosmos ne l’atteignent pas.

Au vrai, étant donné l’aspect

de l’Univers qui nous entoure

mieux vaut exécuter un autre projet

moins sensationnel et plus courtois.


Tabla rasa

Es necesario visitar el cielo,

decretar el exilio de la Tierra

y confiarles las llaves a los monos.

Estos saben usar la tabla rasa,

promueven el espíritu maligno,

ciegan la luz del sol, hunden los mares.

Avistado de lejos y de arriba

es, el planeta, emporio de bacilos.

¿Quién quisiere limpiarlo? Acaso Dios.

Pero tal vez él mismo dudaría.


Table rase

Il est nécessaire de visiter le ciel,

de décréter l’exil de la Terre

et de confier les clés aux singes.

Ceux-ci savent faire table rase,

ils provoquent le mauvais esprit,

aveuglent la lumière du soleil, noient les mers.

Aperçue de loin et d’en haut,

la planète est une foire à bacilles.

Qui voudrait la nettoyer ? Dieu sans doute.

Mais peut-être lui-même hésiterait-il.


Grito

Grito de guerra, grito de placer,

grito de furia, grito de dolor,

grito despavorido por el miedo,

grito de rendición, grito de triunfo,

grito del elefante y del felino:

en el vasto arsenal de la Natura

cada animal anuncia su presencia

sin fraude y con sus armas. Lo fingido

ha de guardarse en prenda para el hombre

—único camaleón que llora y grita—.


Cri

Cri de guerre, cri de plaisir,

cri de fureur, cri de douleur,

cri épouvanté par la peur,

cri de reddition, cri de triomphe,

cri de l’éléphant et du félin :

dans le vaste arsenal de la Nature

chaque animal annonce sa présence

sans fraude et avec ses armes. Le faux semblant

doit être laissé en gage pour l’homme —

le seul caméléon qui pleure et crie.


Desengaño

Si fuera Dios tan sólo una ilusión

y aparato sin dueño el Universo,

queda, como consuelo, el desengaño

al precio de probar en otro caos

un tiempo y un espacio sin embustes.


Désenchantement

Si Dieu n’était qu’une illusion

et l’Univers un appareil sans maître,

reste, en consolation, le désenchantement

au prix de l’essai dans un autre chaos

d’un temps et d’un espace sans mensonges.


Rumor

Los rumores alegran la mañana.

Envueltos en la luz vibran los árboles

cautivos de las ramas y los pájaros;

las serpientes resbalan, los insectos

saltan, zumban, se arrastran en sordina;

las rapaces proceden sigilosas.

Sólo el género humano inventa estruendos

y se deleita con la barahúnda.


Rumeur

Les rumeurs égaient la matinée.

Enveloppés de lumière, les arbres vibrent

prisonniers des branches et des oiseaux ;

les serpents glissent, les insectes

bondissent, bourdonnent, rampent en sourdine ;

les rapaces agissent en secret.

Seul le genre humain invente des vacarmes

et se délecte du brouhaha.


Estrategia

Estrategia de Cronos: ir de prisa,

trasparente, sin forma, ineluctable.

Las cuánticas partículas huidizas

no pueden retenerle: son la Idea.

Y su materia, no la presta el tiempo

salvo a sí mismo, a caza de otro cosmos.


Stratégie

Stratégie de Chronos : aller en hâte,

transparent, sans forme, inéluctable.

Les fuyantes particules quantiques

ne peuvent le retenir : elles sont l’Idée.

Et sa matière, le temps ne la prête

qu’à lui-même, à l’affût d’un autre cosmos.


Silencio

Un silencio de vida nos rodea.

Calla la brisa, callan los vergeles.

Callan los meteoritos y el océano.

Callan los cuervos, callan los volcanes.

Pierde la voz el antropopiteco,

enmudecen los truenos y los rayos.

¡Un minuto sin ruido: Paraíso!


Silence

Un silence de vie nous entoure.

La brise se tait, se taisent les vergers.

Météorites et océan se taisent.

Se taisent les corbeaux, se taisent les volcans.

L’anthropopitèque perd la voix,

les tonnerres et les éclairs sont muets.

Une minute sans bruit : Paradis !


Tortuga

Este animal sale de su capucha

—filosófico es— y se maneja

con la pericia que le dan los siglos.

Entre un baño de sol y otro de océano

se menea, discurre, alza los párpados:

tanto le va la luz como la noche.

Al afinar las cuentas se descubre

cuán ecuánime fue su veredicto.


Tortue

Cet animal sort de sa capuche

— il est philosophe— et se manipule

avec le savoir-faire que lui donnent les siècles.

Entre un bain de soleil et un autre d’océan

il remue, progresse, soulève les paupières :

la lumière lui sied autant que la nuit.

En affinant les comptes on découvre

Combien son verdict fut impartial.


Geometría

La redondez de la vida

tiene cuatro esquinas raras:

nací porque no sabía

y seguí, pues me cantaba;

me muero porque lo sé

y después no sé más nada.

¡Dar tantas vueltas inútiles

y, además, caro pagarlas!


Géométrie

La rotondité de la vie

a quatre coins singuliers :

né parce que j’étais ignorant,

persistant, puisque cela me chantait ;

je meurs parce que je le sais

et après, je ne sais plus rien.

Faire tant et tant de tours inutiles

et, en outre, chers à payer !


Combates

De sus ardientes nichos

las estrellas espían

los tumbos de la Tierra.

Y sin una sonrisa

y sin hacer regalos

gasta el Tiempo sus días

asesinando soles.

Todo el cielo es herida:

donde gobierna el hierro

no hay rosas ni poesía.


Combats

De leurs ardentes niches

les étoiles épient

les cahots de la terre.

Et sans un seul sourire

ni faire un seul cadeau

le Temps passe ses journées

à assassiner des soleils.

Tout le ciel est blessure :

là où gouverne le fer

il n’est roses ni poésie.


Alaska

Presa, como rehén, de los glaciares

Alaska trasparece y reverbera.

En las alturas de un azul sin tacha

se fabrican también los rojos rayos

que pintarán las bocas de los peces

y nutrirán la sangre de los osos.

En este reino de la fuerza pura,

cuando el aire se hiela, las orquídeas

clausuran sus corolas ateridas.

Pero al arbitrio de la primavera

pastan los animales en el verde,

juegan y cazan, matan y sucumben.

En la llave de sol van al unísono

las hierbas, el insecto, el caribú.


Alaska

Prisonnière, comme otage, des glaciers

l’Alaska transparaît et réverbère.

Dans les hauteurs d’un azur sans tache

on fabrique aussi les rouges rayons

qui peindront les bouches des poissons

et qui nourriront le sang des ours.

Dans ce royaume de la force pure

quand l’air se glace, les orchidées

referment leurs corolles transies.

Mais au bon vouloir du printemps

les animaux paissent dans la verdure,

ils jouent et chassent, tuent et succombent.

Dans la clé de sol vont à l’unisson

les herbes, l’insecte, le caribou.


Astucia

El sueño me protege

de morirme dormido

porque mi Parca entiende

capturarme despierto.

¿Y si quiere y no puede

aplicarme su amaño?

En mí todo se duerme

desde que pienso en ella.

Y pienso en ella, siempre...


Astuce

Le sommeil me protège

de mourir endormi

car ma Parque entend bien

me capturer éveillé.

Et si elle veut mais ne peut

m’appliquer sa ruse ?

En moi tout s’endort

depuis que je pense à elle.

Or à elle toujours je pense…


Flechas

Saltan las flechas, saltan las agujas,

del carcaj, del reloj, de las campanas.

Buscan el mismo blanco: lo pasado,

trillan, por el espacio, lo futuro.

El caníbal Saturno las conduce

y las recoge Sísifo, el voraz.


Flèches

Sautent les flèches, sautent les aiguilles,

du carquois, de l’horloge, des cloches.

Elles cherchent la même cible : le passé,

elles étrillent, à travers l’espace, l’avenir.

Saturne le cannibale les conduit

et Sysiphe, le vorace, les recueille.


Lutz

Para vencer la fuerza de lo inerte

Lutz el demiurgo hace vibrar la piedra

y prepara el incendio de los bronces.

Viene luego el trabajo de las formas

y cuanto infunde en ellas el espíritu:

el dolor, la tragedia, la esperanza,

lo real, lo invisible, lo soñado.

La escultura que Lutz inventa y forja

trae consigo el ímpetu de vida

y cumple su destino: la belleza.


Lutz

Pour vaincre la force de l’inerte

Lutz le démiurge fait vibrer la pierre

et prépare le feu des bronzes.

Vient ensuite le travail des formes

et tout ce qui infuse en elles l’esprit :

la douleur, la tragédie, l’espérance,

le réel, l’invisible, le rêvé.

La sculpture que Lutz invente et forge

entraîne avec elle l’élan de vie

et accomplit son destin : la beauté.


Rubís

Los rubís los más rojos

viven del corazón:

su luz brota del fondo

y no la quiebra el sol.

Es de cristal su acero

ganga de cobre y zinc:

para mostrarse al cielo

va de rosa el rubí.

Ni la Tierra vencida

por la traición del tiempo

ni la noche infinita

extinguirán su fuego.


Rubis

Les rubis les plus rouges

Se nourrissent du cœur :

leur lumière jaillit du fond

sans que le soleil ne la brise.

Gangue de cuivre et de zinc

son acier est en cristal :

pour se montrer au ciel

le rubis va de rose vêtu.

Ni la Terre vaincue

par la trahison du temps

ni la nuit infinie

n’éteindront leur feu.


Nocturna zoología

Desaparece del cielo el sol sombrío.

Las tinieblas dirigen las visitas

y cada cual muestra su pasaporte.

Por los hijos del mar, Neptuno vela;

en nombre de Minerva, vela el búho;

Selene da su luz a los cegatos.

Y aprieta ya la noche: los murciélagos

alertan el radar de los obscuros.

Zafarrancho de ejército sin pérdidas:

a todos les deleita ser terrestres

y se apuntan guerreros o románticos.

A su breve infinito falta el alma:

su solo confesor es la Natura

sorda, como sus rocas, a la vida.


Nocturne zoologie

Le soleil sombre disparaît du ciel.

Les ténèbres dirigent les visites

et chacun montre son passeport.

Pour les enfants de la mer, Neptune veille ;

veille au nom de Minerve le hibou ;

aux mirauds Séléné donne sa lumière.

Et déjà la nuit presse : les chauves-souris

alertent le radar des obscurités.

Escarmouches d’armée sans pertes :

tous se délectent d’être terrestres

et se disent guerriers ou romantiques.

À leur bref infini il manque l’âme :

leur seul confesseur est la Nature

sourde, ainsi que ses roches, à la vie.


Mar guerrero

El mar retórico, suntuoso,

canta la música perfecta.

El mar estalla en las cavernas

el mar desborda de la Tierra

el mar retiene el sol celeste

el mar retumba en lo infinito.


Mer guerrière

La mer rhétorique, somptueuse,

chante la parfaite musique.

La mer éclate dans les cavernes

la mer déborde de la Terre

la mer retient le soleil céleste

la mer retentit dans l’infini.


La caza

Con espejos de vidrio diamantino

entablaron la caza los astrónomos.

¡Pobre de Dios, si sale descubierto!

Mas erraron la pista y el culpable:

ni el espacio, ni el tiempo, ni los pozos,

ni las luces de Pléyades extintas

se deben a la mano del Señor.

A fuerza de cegar sus propios ojos

los gigantes plantados en los picos

no miraron la firma: es la del Diablo.


La chasse

Munis de miroirs en verre diamantin

les astronomes entreprirent la chasse.

Gare à Dieu s’il sort à découvert !

Mais ils manquèrent la piste et le coupable :

ni l’espace, ni le temps, ni les puits,

ni les lumières de Pléïades éteintes

ne sont dûs à la main du Seigneur.

À force d’aveugler leurs propres yeux

les géants plantés dans les pics

n’ont pas vu qui signait : c’était le Diable.


Estrella

En paz sigo las huellas

perdidas en los cielos

y escucho la carrera

silenciosa del mar.

El vértigo del aire

reconoce la estrella

que me lleva consigo

para la eternidad.

4 de noviembre de 2007


Étoile

En paix je suis les traces

perdues dans les cieux

et j’entends le cours

silencieux de la mer.

Le vertige de l’air

reconnaît l’étoile

qui m’emporte avec elle

pour l’éternité.

4 novembre 2007


82

Oculto tras el poso

que mis ojos vigilan

surge una luz dorada

que protege al olvido.

El tiempo, con su flecha,

a las nubes se rinde.

4 de noviembre de 2007


82

Caché derrière le marc

que mes yeux surveillent

surgit une lumière dorée

qui protège l’oubli.

Le temps, muni de sa flèche,

aux nuages se livre.

4 novembre 2007



[1] Última Esperanza es el nombre del minúsculo caserío situado en el extremo sur de la Patagonia chilena.

[2] Última Esperanza (« Dernier Espoir ») est le nom du minuscule hameau situé à l’extrême sud de la Patagonie chilienne.

 
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